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Le Blog De Philip Guilhem

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 17:08

       Les cloches de l'abbaye avaient sonné prime, l'averse du matin avait fini de me réveiller. Je contournais le bâtiment des convers encore neuf et me faufilais par la porte de la boucherie. Ah, qu'il avait fière allure notre bourg monastique de Saint Denis. Me retournant vers le Nord, c'est avec grande joie que je découvris dans la lueur du matin les tours de notre si précieuse abbatiale. La porte de Paris s'ouvrait devant moi, gardée par trois gens d'armes de notre bon roi Philippe IV. Caché sous ma capuche et emmitouflé dans ma coule brune, ils me sourirent alors que je passais mon chemin. Cinq lieues à parcourir jusqu'à Paris par la voie royale. Aux alentours, des champs, des fermes et quelques maisons puis enfin le hameau du Lendit où s'installe chaque mois de juin la grande foire. Il faut dire qu'entre l'abbaye et Paris, il y avait peu de distance mais beaucoup de complicité.

       Je parvins à la léproserie Saint-Lazare que je connaissais bien pour m'y être rendu chaque mois depuis le début de mon noviciat afin d'y consoler ces corps malades. Au loin, j'apercevais déjà les murs de Saint Martin des Champs que j'entrepris de contourner pour remonter la grande rue du Temple. La Grande Tour était haute de quatre vingt coudées et d'en haut, disait-on, on pouvait y voir jusqu'à Chartres. Certains disaient aussi qu'elle abritait un fabuleux trésor venu d'Orient. Mais ça, c'était avant que ne soient arrêtés les Templiers et que le Roi ne saisisse leurs biens pour regonfler les coffres vidés par tant d'années de guerre.

       Le matin de ce lundi onze mars treize cent quatorze, je me rendais donc à la Maison du Temple pour visiter celui qui en fut le maître durant de nombreuses années. Mon oncle y était retenu prisonnier depuis son arrestation, le treize octobre treize cent sept. Oui, le Grand Maître de l'Ordre du Temple, enfermé dans un cachot de son ancienne forteresse. Les cloches de la grande chapelle allaient bientôt annoncer tierce et il ne restait plus beaucoup de temps avant que mon oncle ne soit conduit sur le parvis de Notre-Dame. J'avais obtenu cette visite grâce à un ami proche de Nogaret et aussi parce que j'étais moine.

       Dire qu'il y a un siècle, certains de mes aïeux mourraient dans les flammes du bûcher de Minerve et qu'aujourd'hui, mon oncle Jacques s'apprête à rejoindre la Lumière, lui qui cinquante ans plutôt avait rejoint la voie du Salut et la Commanderie de Beaune. Jamais, depuis son élection à la tête de l'Ordre, il n'avait imaginé être un jour trahi par le Saint Siège.

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